R. Caillois, L’homme et le sacré, Paris, Gallimard,
1950 :
« Toute conception religieuse du monde implique la
distinction du sacré et du profane, oppose au monde où le fidèle vaque
librement à ses occupations, exerce une activité sans conséquence pour son
salut, un domaine où la crainte et l’espoir le paralysent tour à tour, où,
comme au bord d’un abîme, le moindre écart dans le moindre geste peut
irrémédiablement le perdre. […] chacun doit admettre que l’homme religieux est
avant tout celui pour lequel existent deux milieux complémentaires : l’un
où il peut agir sans angoisse ni tremblement, mais où son action n’engage que
sa personne superficielle, l’autre où un sentiment de dépendance intime
retient, contient, dirige chacun de ses élans et où il se voit compromis sans
réserve. » (p. 23)
« Aussi n’est-il pas moins nécessaire de protéger le
sacré de toute atteinte du profane. Celle-ci, en effet, altère son être, lui
fait perdre ses qualités spécifiques, le vide d’un coup de la vertu puissante
et fugace qu’il contenait. C’est pourquoi l’on prend soin d’écarter d’un
endroit consacré tout ce qui appartient au monde profane. » (p. 25)