domingo, 27 de noviembre de 2011

Architexto, intertexto y paratexto según Genette


Fragmentos de G. Genette, Palimpsestes, Paris, Seuil, 1982:

Architextualité. « Il s’agit ici d’une relation tout à fait muette, que n’articule, au plus, qu’une mention paratextuelle (titulaire, comme dans Poésies, Essais, le Roman de la Rose, etc., ou, le plus souvent, infratitulaire : l’indication Roman, Récits, Poèmes, etc., qui accompagne le titre sur la couverture), de pure appartenance taxinomique. Quand elle est muette, ce peut être par refus de souligner une évidence, ou au contraire pour récuser ou éluder toute appartenance. Dans tous les cas, le texte lui-même n’est pas censé connaître, et par conséquent déclarer, sa qualité générique : le roman ne se désigne pas explicitement comme roman, ni le poème comme poème. Encore moins peut-être (car le genre n’est qu’un aspect de l’architexte) le vers comme vers, la prose comme prose, le récit comme récit, etc. Á la limite, la détermination du statut générique d’un texte n’est pas son affaire, mais celle du lecteur, du critique, du public, qui peuvent fort bien récuser le statut revendiqué par voie de paratexte : ainsi dit-on couramment que telle « tragédie » de Corneille n’est pas une vraie tragédie, ou que le Roman de la Rose n’est pas un roman. Mais le fait que cette relation soit implicite et sujette à discussion (par exemple : à quel genre appartient la Divine Comédie ?) ou à fluctuations historiques (les longs poèmes narratifs comme l’épopée ne sont plus perçus aujourd’hui comme relevant de la « poésie », dont le concept s’est peu à peu restreint jusqu’à s’identifier à celui de poésie lyrique) ne diminue en rien son importance : la perception générique, ou le sait, oriente et détermine l’ « horizon d’attente » du lecteur, et donc la réception de l’œuvre. » (p.12).

Paratextualité. « […] la relation […] que, dans l’ensemble formé par une œuvre littéraire, le texte proprement dit entretient avec ce que l’on ne peut guère nommer que son paratexte : titre, sous-titre, intertitres ; préfaces, post-faces, avertissements, avant-propos, etc. ; notes marginales, infrapaginales, terminales ; épigraphes ; illustrations ; prière d’insérer, bande, jaquette, et bien d’autres types de signaux accessoires… » (p. 10).      

Intertextualité. « […] une relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes, c'est-à-dire, […], la présence effective d’un texte dans un autre. Sous sa forme la plus explicite et la plus littérale, c’est la pratique de la citation (avec guillemets, avec ou sans référence précise) ; sous une forme moins explicite et moins canonique, celle du plagiat chez Lautréamont, par exemple, qui est un emprunt non déclaré, mais encore  littéral ; sous forme encore moins explicite et moins littérale, celle de l’allusion, c'est-à-dire d’un énoncé dont la pleine intelligence suppose la perception d’un rapport entre lui et un autre auquel renvoie nécessairement telle ou telle de ses inflexions, autrement non recevable : ainsi, lorsque Mme. Des Loges, jouant aux proverbes avec Voiture, lui déclare : « Celui-ci ne vaut rien, percez-nous-en d’un autre », le verbe percer (pour « proposer ») ne se justifie et ne se comprend que par le fait que Voiture était fils d’un marchand de vin. » (p. 8).